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Terra Wilder était plutôt nerveux tandis qu’il marchait prudemment en direction du bâtiment de l’école secondaire de Little Rock en s’appuyant sur sa canne. Il n’avait jamais enseigné de toute sa vie, mais il savait que c’était une étape nécessaire à sa réhabilitation. Cinq ans plus tôt, il avait été victime d’un terrible accident d’automobile dans lequel son épouse avait perdu la vie. Même si les chirurgiens avaient réussi à lui reconstruire des jambes artificielles, ils n’avaient rien pu faire pour son cœur, qui pleurait toujours la mort tragique de sa femme. C’était Michael Reiner, son psychiatre et bon ami, qui avait finalement persuadé Terra qu’un changement de climat et de profession l’aideraient à oublier le passé et à recouvrer son équilibre émotif. Docile, Terra avait donc accepté de quitter le Texas et de s’installer en Colombie-Britannique afin d’y enseigner la philosophie.

… Terra marchait lentement sur le trottoir de ciment usé en faisant bien attention de ne pas fatiguer ses jambes. Il s’intéressait aux alentours. Il avait vécu dans plusieurs pays depuis sa naissance, quarante-sept ans plus tôt, mais aucun d’entre eux ne l’avait préparé à la beauté sauvage de cette région du Canada. Il y avait partout des arbres immenses.

… Little Rock était une belle petite ville. Jadis, elle avait connu une économie florissante, mais la fermeture de la plupart des usines avait contraint un certain nombre de ses habitants à travailler à la scierie locale. Les autres étaient sans emploi. Malgré leurs maigres revenus, ces braves gens rêvaient d’un avenir meilleur pour leurs enfants et les obligeaient à aller en classe.

En se dirigeant vers le bâtiment de briques rouges, Terra Wilder prit la décision d’enterrer son passé une fois pour toutes et de devenir un nouvel homme. Il éviterait de révéler sa véritable identité aux professeurs et aux élèves qu’il allait bientôt rencontrer. Sa survie en dépendait. Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas que les arbres se penchaient sur son passage pour le toucher. Il grimpa avec prudence les quelques marches qui menaient au porche et pénétra dans l’école.

Terra s’arrêta devant la porte de sa classe et prit une profonde inspiration. À l’intérieur, les adolescents riaient bruyamment. Le nouvel enseignant sentit son courage s’envoler. On ne lui avait rien dit sur ses élèves, lorsqu’il avait accepté le poste. Il savait seulement qu’ils avaient entre seize et dix-huit ans.

Il entra et se rendit jusqu’au gros pupitre. Au lieu de s’installer sur la chaise, il préféra s’asseoir sur le meuble et observa la vingtaine d’élèves qu’on lui avait confiés. Les adolescents continuèrent de chahuter pendant un moment avant de s’apercevoir qu’il était là. Le silence se fit peu à peu tandis qu’ils examinaient cet homme aux tempes grisonnantes vêtu d’un complet très chic. Terra en profita pour se présenter.

— Je suis votre nouveau professeur de philosophie, déclara-t-il, avec un accent Britannique agrémenté de Hollandais.

— Où est monsieur Harrison ? demanda un des garçons.

— Il a remis sa démission la semaine dernière.

— Si vous êtes prof, pourquoi avez-vous les mains vides ? voulut savoir une élève. Vous n’avez pas de plan de cours ou de feuilles à nous remettre ?

— Soyez indulgent, les pria Terra avec un sourire. Nous n’en sommes qu’à la première journée.

— Vous n’allez pas nous imposer de devoirs aujourd’hui ? s’étonna une jeune fille, qui semblait plus réservée que les autres.

— Non.

— Est-ce que vous avez au moins l’intention de nous enseigner quelque chose ? s’énerva un garçon qui ressemblait aux Amérindiens qu’il avait rencontrés dans la rue un peu plus tôt.

— Pas aujourd’hui. Je vais plutôt essayer de répondre à vos questions, sauf si elles sont trop personnelles.

Des sourires de prédateurs apparurent sur leurs jeunes visages et Terra se demanda s’il ne venait pas de se jeter lui-même dans la gueule du loup.

— Quel est votre nom ?

— Je m’appelle Terra Wilder.

— Terry ?

— Non, Terra, comme notre planète.

— Qui a décidé de vous appeler comme ça et pourquoi avez-vous un accent bizarre ? s’enquit une des filles.

— Ma grand-mère maternelle a choisi mon nom. Je suis né aux Pays-Bas d’un père Britannique et d’une mère Hollandaise et j’ai vécu dans leurs deux pays.

— Et vous enseigniez la philosophie, là-bas ?

— Non. C’est la première fois que j’enseigne quoi que ce soit.

Sa réponse les surprit.

— Comment gagniez-vous votre vie, alors ?

— Je ne répondrai à cette question qu’une fois que nous aurons eu le cours sur l’étiquetage.

— L’étiquetage ? répéta une fille. Avez-vous peur que nous nous fassions une fausse idée de vous ?

— C’est ce que je crains, oui.

— Mais ça ne changera rien à qui vous êtes.

— Non, mais cela pourrait orienter votre opinion de moi. Je préférerais, pour l’instant, n’être qu’un simple professeur de philosophie. Lorsque nous venons au monde, nous sommes purs comme de l’eau de source, puis notre famille nous transmet ses propres valeurs et notre eau commence à prendre une certaine couleur. Nous adoptons également certains points de vue de nos amis et nous sommes influencés par ce que nous entendons dans les médias. C’est pour cette raison que personne ne perçoit les choses de la même façon. Nos eaux sont de différentes couleurs.

— Et vous êtes ici pour les rendre toutes pareilles ?

— Pas du tout. C’est justement notre diversité qui rend la Terre si intéressante.

Une fille s’inquiéta de son approche et voulut savoir si elle lui était imposée par le programme scolaire. Terra répondit que non, mais qu’il leur indiquerait les ouvrages à lire afin de réussir les examens du ministère. Ce qu’il voulait surtout, c’était de les rendre conscients de l’immensité de l’univers.

— Pour que nous pensions tous de la même façon à la fin de l’année ?

— Ciel non ! s’indigna Terra. Votre esprit est votre plus grand trésor. En vous permettant d’élargir votre perception du monde, je vous aiderai à tripler votre fortune.

Il ne les forcerait pas à prendre de notes, mais il ne les en empêcherait pas non plus, s’ils en ressentaient le besoin, chacun ayant sa propre façon d’absorber la connaissance. Quant aux devoirs, il leur demanderait surtout de réfléchir à ce qui se dirait en classe et de revenir le lendemain avec le résultat de leurs réflexions.

— Je ne veux pas être le seul à enseigner, déclara-t-il sérieusement. Je veux que vous m’appreniez aussi quelque chose.

Lorsqu’ils se mirent à lui poser des questions trop indiscrètes, Terra répéta qu’il était un homme sans passé, un être qui n’avait aucune vie à l’extérieur de la classe. Il leur avoua qu’il aurait voulu les considérer de la même façon, mais que l’école l’obligeait à apprendre leurs noms et à leur attribuer une note à la fin de l’année. Mais il se dit prêt à utiliser un système numérique pour les identifier, afin que leurs noms n’imposent aucune image à son esprit, surtout s’ils étaient inhabituels ou ethniques. Les étudiants optèrent pour les prénoms.

Lorsque la cloche retentit, les élèves quittèrent Terra à regret. Le professeur erra dans les couloirs déserts. Les étudiants étaient maintenant assis devant d’autres maîtres.

Terra trouva finalement la salle des professeurs. On avait placé sur le dossier de sa chaise un carton lui souhaitant la bienvenue, mais il n’y avait personne. Il s’assit à son pupitre, appuya sa canne contre le mur et fouilla les tiroirs : tous vides. En fait, il n’avait aucune idée de ce qu’il pourrait bien y mettre. Un homme entra dans la pièce.

— Monsieur Wilder, je vous cherchais, commença-t-il. Je suis James Miller, le directeur.

— Je suis enchanté de faire votre connaissance, s’empressa de dire Terra en serrant la main qu’il lui tendait.

James Miller était dans la cinquantaine avancée. Il avait les cheveux poivre et sel, des yeux gris, froids et autoritaires et son habit était impeccable.

— Comment s’est passé votre premier cours ? demanda-t-il avec une pointe d’inquiétude. Pas d’ennuis avec vos élèves ?

— Non, aucun, pourquoi ?

— Ce sont des adolescents plutôt tapageurs, qui manquent parfois de respect envers leurs aînés.

— Ils se sont très bien comportés avec moi, je vous assure.

— Cela me surprend, mais je suis content de l’entendre. Je ne voudrais surtout pas que vous fassiez des crises de nerfs à répétition, comme monsieur Harrison.

— Ne vous inquiétez pas, monsieur Miller. Ce n’est pas mon genre.

— Merveilleux. Je vais vous laisser vous installer. Si vous avez des questions au sujet de l’école ou de nos règlements, venez me voir.

Terra hocha doucement la tête en guise de remerciement. James Miller le quitta. « Quel homme étrange », pensa Terra. « Il semble avoir peur des élèves sous sa responsabilité. » Le nouveau professeur s’adossa dans son fauteuil et laissa errer son esprit pendant un moment.

Les autres enseignants arrivèrent au milieu de l’après-midi. Ils le trouvèrent occupé à jeter quelques pensées sur une tablette de papier qu’on avait bien voulu lui fournir. Terra releva la tête. Il y avait plusieurs petites salles privées dans cette aile de l’école et chacune pouvait accueillir environ sept personnes.

Ses nouveaux collègues se présentèrent : Amy Dickinson, professeur d’anglais, Michael Myers, professeur de mathématiques, Charles Wright, professeur de biologie, Stuart Sutherland, professeur de chimie et Vince Kennedy, professeur de physique. Terra leur serra la main à tous et répondit à leurs questions. Ils parurent bien surpris d’apprendre qu’il n’avait eu aucune difficulté lors de sa première classe et le mirent en garde contre ses élèves qui n’étaient, selon eux, que des monstres ingrats et égoïstes.

Puisque c’était la fin de la journée, ils ramassèrent leurs affaires, pressés de rentrer chez eux. Ils avaient probablement tous des conjoints et des enfants qui les attendaient. Terra remarqua alors le regard inquisiteur d’Amy. C’était une belle jeune femme, début de la trentaine, les cheveux blonds coupés à l’épaule, les yeux bleus limpides comme le ciel et un corps athlétique. Terra se dit qu’elle aurait dû enseigner la gymnastique plutôt que l’anglais.

Amy lui offrit de le raccompagner à sa voiture, pour qu’il ne se perde pas dans l’école. Terra lui avoua qu’il n’en possédait pas, mais qu’il serait heureux de marcher avec elle si l’arrêt d’autobus se trouvait sur sa route. Ils sortirent ensemble du bâtiment. Le nouveau professeur de philosophie avait de la difficulté à marcher. Il semblait dépendre de sa canne pour conserver son équilibre. Amy ne remarqua pas tout de suite les arbres qui essayaient de le toucher.

— Si tu me permets de t’appeler Terrance, je te laisserai m’appeler Amy proposa-t-elle.

— Je ne m’appelle pas Terrance ni Terry. Je m’appelle Terra.

— Terra, répéta Amy. C’est plutôt inhabituel pour un homme. Ta mère était-elle activiste au sein d’un groupement écologiste ?

— Je ne crois pas, non, s’amusa Terra, mais je n’ai pas eu le temps de la connaître. Elle est morte quand j’étais bébé et j’ai été élevé par mes grands-parents maternels. C’est ma grand-mère qui a choisi mon prénom. Elle dit qu’un ange lui est apparu la nuit avant ma naissance et qu’il lui a demandé de m’appeler Terra.

— Tu as dû essuyer les sarcasmes des autres enfants à l’école avec un nom pareil.

— Pas en Hollande, où j’ai fait mon primaire, mais en Angleterre, pendant le reste de mes études, ils se sont souvent payé ma tête, en effet. Mais j’aime mon prénom.

Amy s’arrêta près de sa voiture dans le stationnement de l’école et insista pour reconduire Terra chez lui. Il refusa, prétendant qu’il était plus facile pour lui de prendre l’autobus. Il la remercia et poursuivit son chemin. Amy le regarda s’éloigner en pensant que c’était l’homme le plus charmant qu’il lui avait été donné de rencontrer.

Terra grimpa avec difficulté dans l’autobus. Il choisit de s’asseoir sur le premier banc pour ne pas manquer son arrêt. Il devint évident pour les quelques usagers qu’il souffrait beaucoup. Lorsque le véhicule s’arrêta devant le petit hôpital de Little Rock, le chauffeur aida le professeur à descendre pour le remettre entre les mains d’un infirmier qui flânait dans le portique. « L’avantage des petites villes où les gens sont encore humains », constata Terra.

Le docteur Reiner s’était assuré, avant de l’expédier en Colombie-Britannique, qu’il y avait à Little Rock un physiothérapeute compétent, qui l’obligerait à exercer ses membres artificiels tous les jours. Les jambes de Terra Wilder étaient uniques au monde. Elles n’étaient pas que des appendices en plastique comme en portaient les amputés : elles avaient été entièrement refaites par des experts en cybernétique. Ces derniers les avaient installées à l’intérieur de ce qui restait de ses jambes. La peau, qui recouvrait ses os et ses joints de plastique, était bien la sienne, ainsi que la plupart des muscles et du système sanguin. Mais ses nerfs, sectionnés lorsque ses jambes avaient été broyées dans l’accident, mettaient du temps à croître. Cela lui occasionnait d’insupportables douleurs jusque dans le bassin.

Ce soir-là, après une longue séance de thérapie, Terra s’installa en gémissant sur la banquette arrière de l’un des deux taxis de la ville. Il rentra à son appartement près de la rivière, au cinquième étage d’un immeuble. Son ami psychiatre avait repéré cet endroit, le seul en fait à posséder un ascenseur. Terra entra. Il n’avait choisi aucun des meubles qui se trouvaient là et il ne s’y sentait pas chez lui. Il enleva son veston et le suspendit dans la penderie de l’entrée, puis continua jusqu’au salon. Le seul objet qui lui appartenait vraiment parmi tous les bibelots posés un peu partout sur le téléviseur, les tablettes de la bibliothèque et la table à café était le portrait encadré de Sarah, sa défunte épouse.

Terra s’assit sur le sofa, déposa sa canne et s’empara de la photographie. Il y avait des jours où la souffrance était tellement intense qu’il aurait préféré être mort lui aussi dans ce terrible accident au Texas. Une larme roula sur sa joue. Il reposa le cadre.

En grimaçant, il se rendit à la salle de bain. Il s’accrocha au lavabo et aperçut son reflet dans la glace du cabinet des médicaments. Son visage était trempé de sueur. Il saisit la grosse bouteille de calmants que lui avaient prescrits ses médecins américains. Il observa longuement la fiole bleue, certain qu’il mourrait s’il en avalait tout le contenu. Personne ne le connaissait dans cette ville et personne ne le sauverait, cette fois.

Il éclata en sanglots et laissa tomber la bouteille dans le lavabo. Il cacha son visage dans ses mains, incapable de maîtriser ses larmes. Son ami psychiatre avait tort : il était impossible de refaire sa vie après une telle tragédie.

Qui est Terra Wilder ?
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